Comment vivait-on à Sfax ?
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Les Tunisiens

Femmes de la campagne de Sfax
(CPA Imp. Dépêche n°7 - Coll. Ch. Attard)


La population tunisienne, de beaucoup la plus importante, vivant essentiellement dans la médina ou, pour les plus aisés, dans des maisons traditionnellement entourées de jardins (les j’nens) dans les quartiers périphériques (les r’bats), se divisait en deux catégories :
1) les Sfaxiens continentaux : avocats, médecins, professeurs d’arabe, artisans, commerçants et employés au Sfax-Gafsa ; 
2) les Kerkenniens qui étaient pêcheurs, dockers et manutentionnaires (alfa et phosphate).

Photo A.Perrin, extraite  de :
" Le réseau de la Cie des phosphates et du chemin de fer de Gafsa"
(Document : G. Bacquet)

Ouvriers et manœuvres travaillant à la reconstruction du port en 1949.
(Document René et Michèle Leroux)

Tous étaient sérieux dans leur travail, manifestant une grande conscience professionnelle, même en période de Ramadan.

Costume traditionnel
CPA 750 - Lehnert et Landrock Coll. Ch. Attard

Costume traditionnel
CPA V. P. N°55 - Coll. Ch. Attard

Les hommes étaient, dans leur grande majorité, vêtus de façon traditionnelle, mais après 1944, de plus en plus de tunisiens, surtout les jeunes qui fréquentaient les collèges de garçons, s’habillèrent à l’européenne. 

Quant aux femmes, elles ne sortaient que voilées, certaines se couvrant même d’un grand "haïk" de couleur blanche, dont la fermeture en triangle au niveau du visage ne leur permettait de ne voir que d’un seul œil.

Contrairement aux hommes, cela perdura jusqu’à l’indépendance et aux lois sur le statut des femmes édictées alors par le Président Bourguiba. 

A noter cependant que les tunisiennes employées, en tant que personnel de maison (femmes de ménage, gardes d’enfants), dans les familles européennes, y travaillaient en portant une tenue simple, avec tout au plus un foulard discret retenant les cheveux.

 

Une femme de ménage sfaxienne en 1950.
(Photo Coll. Ch. Attard)

Les Sfaxiens étaient hospitaliers et ils invitaient des européens à manger chez eux, mais ceux-ci n’apercevaient pas les femmes de la maison qui travaillaient à la cuisine, d’où elles ne sortaient qu’après le départ de leurs hôtes. 

(coll. G. Bacquet)

Il était donc très difficile à un européen de rendre une invitation, d’autant plus que s’y ajoutaient les interdits religieux concernant la nourriture. Ces derniers avaient aussi cours dans le cas des juifs orthodoxes.
Concernant la gestion des affaires municipales, les conseillers municipaux tunisiens qui étaient minoritaires en nombre (voir annexe), y participaient activement même si les grandes orientations de la politique municipale étaient essentiellement définies par les européens.

Petits cireurs de chaussures.
(CPA LL n°114 - Coll. Ch. Attard)

Les Sfaxiens étaient portés sur la politique où ils étaient compétents et dont, entre autres Ferhat Hached et Habib Achour ont été de bons animateurs dans les organisations syndicales. Une des erreurs de l’administration française (surtout après la guerre de 1939-45) a été, plutôt que de les écouter, de les combattre et même de les faire disparaître.

Un riche marchand.
(
Photo Garrigues - Tunis - Coll. Ch. Attard)

Et un pauvre ouvrier.
(
Photo Société des Fermes françaises de Tunisie
 Coll. Ch. Attard)

Un barbier et son client sur cette carte
oblitérée en décembre 1900.
(CPA ND Photo  n°134 - Coll. Gérard Bacquet)

CPA 6858 - Lehnert et Landrock
(Coll. Ch. Attard)