Comment vivait-on à Sfax ?
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Cavalcade de Sfax le 25 mars 1924.
(Photo famille Pasquier)




Les Sfaxiens, qui avaient le sens de la fête, participèrent dans la joie, entre les deux guerres mondiales, à de nombreuses fêtes (carnavals, bals et bals masqués, fêtes nautiques, retraites aux flambeaux les soirs de 14 Juillet….). 




Les lurons du carnaval de 1928.
Assis:(tout seul) Alfred Cordina - Assis : Roméo, Bokobza, Centonze, Dandine, Barraco.
Debouts : Msihid Nessim, Cannilla, Farrugia, Giordina, Lombard.
(Document coll. Georges Msihid)




Mais les décès et les destructions résultant des épisodes douloureux subis entre 1939 et 1945, puis les évènements de Tunisie en 1953 et 1954, nuirent fortement à l’organisation de grands rassemblements festifs dans la lignée de ceux connus précédemment. 
Néanmoins, en début de printemps 1955, eut lieu un grand corso fleuri avec de nombreux chars. Ce fut le dernier organisé par les européens car, l’année suivante, l’indépendance de la Tunisie fut proclamée le 30 mars





Les reines du corso.
(Photo Marcel Attard)




A  l’occasion des fêtes officielles, les représentants des sociétés locales se faisaient un devoir d’assister aux offices religieux, aussi bien à la synagogue qu’à l’église apostolique et romaine. Le protocole officiel y plaçait le curé de Sfax devant le pasteur, le mufti, le rabbin, et l’archimandrite de la communauté grecque orthodoxe.

Pour la fête de Jeanne d’Arc se réunissaient à la cathédrale, prêtres, pope, pasteur, imam, rabbin, caïd, contrôleur civil, fonctionnaires militaires et civils de haut rang, ainsi que les consuls étrangers. 
Suite à la destruction de la cathédrale lors des bombardements alliés, cette pratique tomba en désuétude.

Lors de la procession du 15 Août, des membres de toutes les confessions étaient présents pour accompagner la " Madone de Trapani " dans son périple qui la conduisait jusqu’au petit chenal pour la bénédiction des bateaux. Même les musulmans qui l’appelaient " Oumna Miriam " suivaient. Cette tradition perdura après la libération de Sfax.




Les jeunes communiantes dans la nouvelle cathédrale.
(Photo Coll. Ch. Attard)




Pour les catholiques, Pâques et Noël étaient les temps forts de la pratique religieuse. En temps normal, pour la grand-messe de 10 heures, les premiers arrivants, après avoir jeté un coup d’œil à l’intérieur, revenaient discuter un brin sur la place Philippe-Thomas, attendant qu’il y ait plus de monde pour rentrer et rester dans l’église jusqu’à la fin de l’office vers 11 heures. Beaucoup de femmes étaient habillées en noir avec un chapeau de la même couleur, mais plus ou moins décoré. Après une courte discussion, ceux qui avaient participé à l’office, faisaient quelques courses dans le quartier (achats de pâtisseries ou de charcuterie).





Même si la communauté protestante n’excédait pas une quarantaine de personnes (parents et enfants confondus), il y eut toujours un pasteur pour officier au temple. Les enfants et adolescents suivaient " l’école du dimanche " correspondant au cours de catéchisme des catholiques. Cette formation religieuse étant très longue, la première communion n’avait lieu que vers les 15-16 ans. Les protestants étaient considérés avec une certaine méfiance par les catholiques dont le nombre était de beaucoup supérieur.




Une loge maçonnique, appelée " Le phare de Thyna " fut créée en 1905, et accueillit une majorité de fonctionnaires. En 1926 en faisaient partie, le contrôleur civil Pierre Bertholle, quatre membres de l’enseignement, trois membres du personnel des PTT, un inspecteur des Domaines, le chef de service des impôts, le pharmacien de l’Hôpital militaire, un chef de service et un employé du Sfax-Gafsa. Les professions libérales étaient représentées par un commerçant, un employé de commerce, un commissaire-priseur et un avocat. Les lois du gouvernement de Vichy concernant les francs-maçons la mirent sérieusement à mal.





Un cortège funèbre traverse Sfax.
(Photo Stamatis Calafatis)



Un autre aussi. 




Les musulmans suivaient scrupuleusement le jeûne du Ramadan, et c’était particulièrement méritant quand il tombait pendant les mois d’été, et les vendredis, il y avait foule dans les diverses mosquées de la ville arabe et dans celle de la rue de la République.

Pour le sabbat, les juifs allaient à la synagogue, et, les vendredis soirs, il leur arrivait de demander à leurs voisins non juifs de venir leur éteindre l’électricité.





Annonce parue dans "Les Nouvelles sfaxiennes"
 N°10 - 26
décembre 1945




Pour les adultes, question culture, ils pouvaient assister à des conférences de l’Alliance française, aller au cinéma et voir quelques représentations théâtrales lors des tournées.