Le 4e Régiment de spahis tunisiens. (4e RTT) 
(1939-1945)

La guerre de 1939-1945.
Référence Commandant LUGAND (1951)

En août 1939, se trouvaient en Tunisie le 4e et le 8e R.T.T. (nouvelle appellation des régiments de spahis, comportant chacun 4 bataillons. Ils faisaient partie d’une division affectée à la couverture de la ligne Mareth.

Prise d'armes sur la ligne Mareth début 1940.

Devant l’évolution dramatique du conflit en métropole, le 21 mai 1940, le 4e R.T.T. embarqua pour la France, suivi à la fin du mois par le 8e. Ces deux régiments participèrent à la ligne de défense sur l’Oise où ils subiront de très lourdes pertes. Au cours de la retraite des armées françaises, le 4e R.T.T. perdit 90% de ses effectifs. Rentré en Tunisie, il y fut reformé et maintenu. Tous les autres régiments de tirailleurs ayant opéré en France ayant été dissous, il ne subsistait au 1er janvier 1941 que deux régiments tunisiens : le 4e en Tunisie, et le 16e au Levant qui fut rapatrié en Afrique du Nord le 1er octobre de la même année.

Le 10 novembre 1942, le 4e R.T.T. quitta ses garnisons pour se reporter sur la dorsale tunisienne en exécution des mesures de défense de la Tunisie. Le 1/4 quittera la région de Gafsa, où il s’était rassemblé, pour organiser la défense de la trouée de Tebessa, puis tenir ensuite avec succès le secteur Kessera- Pichon lors de l’offensive allemande de janvier 1943. Le 2/4 tint Testour et Sloughia et empêcha les allemands de franchir la Medjerda. Après avoir été relevé par les Anglais, il prit position sur le djebel Mansour où, le 18 janvier il subit de lourdes pertes lors de l’attaque allemande. Après ces farouches combats, il rejoignit les autres bataillons du régiment en Algérie. Le 3/4, initialement dans le secteur de l’oued Kebir, y réussit un très beau coup de main. Relevé, il alla occuper Medjez-el-Bab, où, quotidiennement assailli, il conserva ce poste essentiel. Il sera retiré du front le 15 février 1943. Stationné dans la région de Youks-les- Bains, le 4e R.T.T. sera le premier régiment à recevoir l’armement américain, après avoir été reconstitué avec les éléments du 16e R.T.T. qui venait d’être dissous.

Les tirailleurs traversent Naples, dévasté par les bombardement alliés. 
En dépit de leur équipement américain, ils ont gardé le bon vieux casque Adrian !

Après la libération de la Tunisie, faisant suite à la capitulation des forces germano-italiennes le 13 mai 1943, le nouveau 4e R.T.T., intégré dans la 3e Division d’infanterie algérienne (D.I.A.) du général De Montsabert, va participer à toutes les opérations qui conduiront la division de Naples à Stuttgart. 

Joseph de Goislard de Monsabert

Jean De Lattre 
de Tassigny.

Il s’illustra tout d’abord en Italie lors de la bataille du Monte Cassino qui s’engagea le 21 janvier 1944, en s’emparant des hauteurs du Belvédère. Au cours de ce haut fait d’armes qui dura du 26 janvier au 10 février 1944, les diverses compagnies engagées atteignirent tous les objectifs qui leur avaient été assignés, sous un feu très dense et parfois dans des conditions dramatiques. Le régiment y perdit : 14 officiers (dont le colonel Roux, commandant le régiment) et 197 hommes tués ; 5 officiers et 421 hommes disparus ; 19 officiers et 720 hommes blessés, soit les deux tiers de l’effectif engagé. Le Corps Expéditionnaire Français, dont faisait partie la 3e D.I.A. avait eu en face de lui 44% des forces allemandes engagées et avait fait 1 200 prisonniers. Après avoir participé à la percée de la ligne Hitler (19 - 25 mai 1944), puis à l’enlèvement de la ligne Frieda (10-26 juin), les premiers éléments du 4e R.T.T. pénétrèrent dans Sienne le 3 juillet. Pour la 3e D.I.A., la campagne d’Italie était terminée car elle était désignée pour faire partie du premier échelon des troupes devant débarquer en Provence, sous le commandement du général de Lattre de Tassigny.

Le Colonel Roux en 1926.

Le Général Paul Gandoët

Il fut tué le 27 janvier 1944 par un éclat de mine après s'être libéré de ses gardiens allemands.

En décembre 1943, il débarque en Italie à la tête du 3e Bataillon du 4e Régiment de tirailleurs tunisiens. Il s’illustre alors en résistant héroïquement avec ses tirailleurs pendant plus de 10 jours lors des célèbres combats du Belvédère. Blessé, il est rapatrié en Algérie.

Le 4e R.T.T. débarqua dans la région de Saint-Tropez le 25 août 1944 et, à travers Alpes et Jura, il remonta vers le Nord pour établir le contact avec l’ennemi qui s’était ressaisi, vers Beaume-les-Dames, le 5 septembre. Pendant deux mois le 4e R.T.T. , remontant la vallée de la Moselotte, allait, malgré la résistance acharnée des Allemands, s’emparer de tous les objectifs qui lui avaient été fixés. Le 1er bataillon du 4e R.T.T. prit position le 6 décembre au sommet du Honeck, dans les Vosges, où, dans des conditions climatiques extrêmes (froid, vent, neige, brouillard) et face aux offensives continuelles de l’ennemi, il tint la position jusqu’au 14, les Allemands rassemblant alors 50 prisonniers tous plus ou moins blessés. 

Les tirailleurs dans les Vosges, hiver 1944. 
(dessin de R. Jouanneau-Irriera)

Pendant ce temps, et jusqu’au 18 janvier 1945, le reste du 4e R.T.T. livra de pénibles combats dans le cadre de la bataille d’Alsace (prise d’Orbey et de Faing, défense de Strasbourg). Après la bataille de Colmar, le 4e R.T.T. participa à la reconquête de l’Alsace, et le 19 mars, le 2/4 traversant la rivière Lauter, eut la gloire d’être la première unité de l’armée française à fouler le sol allemand. Après franchissement du Rhin le 24 avril, la progression vers l’est est entamée et, après la prise de Pforzheim et Stuttgart, ne s’arrêtera qu’avec la capitulation de l’Allemagne. Cette glorieuse randonnée fut, hélas ! jalonnée par les tombes des 1 009 officiers, sous-officiers et tirailleurs morts pour la libération de la France. Suite à la Seconde Guerre Mondiale, 4 palmes et l’olive se sont ajoutées aux couleurs de la médaille militaire sur le drapeau du 4e R.T.T.

Des unités de tirailleurs tunisiens ont été engagées à partir de 1947 en Indochine. En ce qui concerne la garnison de Sfax, le camp des spahis porta dorénavant le nom de Camp Pol-Lapeyre, et le confort y fut augmenté.

De 1941 à 1956, Raymond Mizzi fut le trompette major du 4e R.T.T.

Grande parade des Spahis à Sfax.

Voir aussi pour les spahis du 4e RTT :
Faits d'armes, drapeau et insigne du 4e Régiment de tirailleurs tunisiens
et une page consacrée aux différents uniformes :
Uniformes du
4e Régiment de tirailleurs tunisiens