Le port




Nous remercions Michèle Leroux pour nous avoir permis d'illustrer ces pages consacrées au port, ainsi que celles sur la reconstruction par de nombreuses photographies appartenant à son père, René Leroux, ingénieur responsable des travaux de reconstruction du port de Sfax après la Seconde Guerre mondiale.






recons-
truction


Embarquement des huiles.
(CPA Ed. J. Mauras n°34 - Coll. Ch. Attard)




Jusqu'en 1886, le port de Sfax se constituait d'un simple appontement en bois long d'environ 50 m, établi avant l'intervention française, ne permettant donc pas l'accostage de navires tels que le "Dragut".





Un simple appontement en 1881.
D'après les croquis des correspondants du journal "L'illustration" - "L'illustration"  
n°2007 du 6 août 1881.




La construction d'un port destiné à permettre les opérations des bateaux d'un tirant d'eau maximum de 2,5 m fut exécutée de 1886 à 1890. Elle constitua en la réalisation d'un quai long de 202 m ; au dragage à une profondeur de 2,5 m au-dessous des plus basses mers, pour obtenir le long du quai un bassin d'opérations large de 46 m, et d'un chenal d'accès long de 1 700 m et large de 20 m ; au remblaiement des terrains conquis à la cote de 2,5 m au-dessus des basses mers; à l'établissement d'un feu de port et d'une grue fixe de 6 tonnes.

Sur la photo ci-dessous, nous pouvons constater que, sur le terrain gagné sur la mer, en face du cercle militaire que nous identifions bien au second plan, il n’existe encore aucune construction définitive, telle que feu de port ou bâtiment de la douane. Par ailleurs la finition de la paroi verticale du quai visible au premier plan, n’est pas encore réalisée, cette partie du quai semblant être maintenue hors d’eau. Ce n’est pas le cas pour le quai (visible sur la gauche) perpendiculaire au premier, car il apparaît que la partie portuaire dévolue aux petites barques, est déjà en service.
Cette photo a donc été vraisemblablement prise fin 1890 – début 1891, avant la mise en service de ce premier port en date du 10 juillet 1891.




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Réalisation du premier port.
(Photo Albert. Avec l’aimable autorisation de M. Bruno Tartarin.)



Ce premier port fut ouvert le 10 juillet 1891. Il devait durer moins de 6 ans car le développement de la ville et de son commerce, et surtout le choix qui fut fait de Sfax comme port d'embarquement des phosphates (provenant des importants gisements découverts par Philippe Thomas dans le sud tunisien) amenèrent le gouvernement à décider de la réalisation d'un port accessible aux navires calant 6,5 m.





Vue générale sur le port.
(CPA ND n°03 - Coll. Ch. Attard)





Action de la Compagnie des ports de Tunis, Sousse et Sfax.
(Coll. Ch. Attard)




Ce nouveau port, dont l'édification (sous l'égide de la Compagnie des ports de Tunis, Sousse et Sfax) était placée sous la direction de M. Wiriot, administrateur de la Compagnie des ports, remonte à 1895, fut inauguré le 25 Avril 1897 par MM. Henry Boucher (ministre du Commerce), Jean-Baptiste Darlan (ministre de la Justice), Georges Cochery (ministre des Finances du gouvernement français) et Revoil (résident général adjoint), Jérôme Fidelle étant contrôleur civil, et ce depuis 1887. Étaient aussi présents tout l'état-major des fonctionnaires tunisiens, et trois évêques.





Évolution de la ville européenne et du port entre 1890 et 1897
(Infographie ch. Attard)




Il comprenait 2 bassins. Le 1er, existant dès 1888, permettait l'accostage de navires d'un tirant d'eau maximum de 2,5 m. Il arrivait au pied de l'église grecque et de l'ancien marché couvert. Côté "Picville" existait l'ébauche d'un remblai de terre pour le halage et la construction de barques. Les Sfaxiens l'appelleront "le petit chenal". Le deuxième bassin d'une superficie de 50 ha était limité, côté ville par un quai long de 368 m, reporté de 200m vers le large par rapport à celui du 1er port, ce qui entraîna le déplacement du feu de port, et côté nord-est par un quai de 225 m destiné à l'embarquement des phosphates. La profondeur de ce bassin était de 6,5 m.





Vue générale sur le port.
(CPA ND n°06 - Coll. Ch. Attard)




Le jour de l'inauguration, six paquebots et un croiseur de la Marine de guerre s'y trouvaient amarrés à quai.

Au bout du quai Nord-Ouest, côté bassin affecté à la petite batellerie, 45 mètres étaient réservés pour les torpilleurs (d’où le nom de bassin des torpilleurs), et 15 mètres pouvaient être utilisés pour les petits bateaux de commerce. Cette partie du bassin principal avait une surface d’environ un hectare, une profondeur de 4 mètres et, la partie du quai correspondante était accostable avec 3,50 mètres de tirant d’eau. Sur cette partie du quai se trouvaient des bâtiments et tout l’outillage nécessaire à la Marine de guerre française
. L'ensemble était relié à la mer par un chenal large de 22 m et long de 3 km.

Quand le "Maréchal-Bugeaud" transportant les ministres, y entra la jour de l'inauguration, le balisage en était renforcé par un double chapelet de barques kerkeniennes, dont les équipages rendaient, à leur manière, les "honneurs" aux représentants du gouvernement français, et cela ne manquait pas de couleurs.





L'inauguration du port le 25 avril 1897.
(Gravure sur bois - Coll. Ch. Attard)