La communauté catholique - 1 -
Références Pierre SOUMILLE (1993) et François DORNIER (2000)



La communauté catholique


Au pied de l'Église et entourant le curé Descroix, les catholiques de Sfax réunis
 après une cérémonie de communions solennelles.
(Photo Coll. Ch. Attard)






La paroisse de Sfax fut fondée en 1841 par la mission des capucins dans le but de s’occuper uniquement de la minorité chrétienne d’origine étrangère qui y vivait. Cette minorité était composée :
1) d’hommes libres (commerçants pour la plupart) organisés en " Nations " ;
2) d’esclaves capturés en mer. Le fondouk chrétien servant d’entrepôt de marchandises et de refuge pour les hommes libres donna naissance au " quartier Franc " s’étendant hors ville arabe sous les remparts côté mer. Jusqu’en 1881, c’était la seule zone urbaine habitée par les Européens.




La première église fut inaugurée le 4 décembre 1845 sur un terrain qui sera cédé en 1846 par Ahmed Bey, et sur lequel fut également bâtie une habitation pour les missionnaires, puis en juillet 1852, une maison pour les sœurs de Saint-Joseph-de-l’Apparition avec une école de filles.





En 1843, il y avait 350 catholiques à Sfax, nombre porté à 1 125 en 1879. En 1884, sur les  1450 catholiques présents on comptait 250 militaires français. De 1841 à 1879, 70% des actes paroissiaux concernaient les Maltais, 13 à 20% les Italiens, et le reste pour les Français et autres ressortissants catholiques.





Acte mariage Salvatore Damato

Acte de Mariage rédigé à Sfax en 1843.
Les époux et témoins sont maltais comme le prêtre, un missionnaire : le frère Vincenzo de Malte.






Spiridione  Polomeni
L’abbé Polomeni parlait français, maltais, italien, grec et anglais.




Les deux premiers curés officiant à Sfax furent des capucins d’origine maltaise :

Antoine Marie de Malte (Buhagiar) de 1872 à 1884 qui fut nommé évêque en août de cette dernière année. Georges Chevillet souligne sa belle attitude lors du soulèvement qui entraîna l’intervention de la flotte française. Empêchant les insurgés de pénétrer dans l’église, il sauva la vie des européens qui s’y étaient réfugiés. Après leur évacuation sur les navires de la flotte française, apprenant qu’une religieuse malade avait été oubliée dans la précipitation de la fuite, il revint la chercher, la prit sur son dos , et se jetant à la mer il rejoignit une barque qui était assez loin du rivage.




Un enterrement


Le départ d'une procession en 1904.
(CPA Imp. de la Dépêche - Gaulis - Coll. G. Bacquet)




Le même auteur souligne aussi la remarquable organisation, par le dit curé, de la première procession chrétienne ayant eu lieu à Sfax le jour de la Fête Dieu en 1883 avec l’accord du commandant de la place de la ville. Un piquet de troupe accompagnant la procession, lors de son passage dans la rue Centrale, les soldats qui y étaient en poste sortirent pour rendre les honneurs d’une façon toute militaire, ce qui frappa l’esprit de toute la population.

René Paul de Malte, qui ne parlait pas français, officia de décembre 1884 à août 1885.
Il y eut ensuite des prêtres séculiers :
Spiridione Polomeni (1885-1904) nommé évêque en 1892 ; 
François Giudicelli (1904-1920), d’un tempérament autoritaire, que sœur Fulgence (née Marie Attard), qui l’avait connu, qualifiait de "curé terrible".
En 1920, il y eut des nouveautés dans l’administration du diocèse et un changement de curé :
Antoine Danielli, originaire de Corse et qui officia de 1920 à 1930.  Né en 1860, il avait déjà soixante ans à son arrivée à Sfax, ce qui ne l'empêcha pas d'être particulièrement actif,
Albert Descroix de 1930 à 1943 dont les vicaires furent les abbés Amore et Labbe,
Maurice Perrin, de 1943 à 1947 (nommé évêque en 1947 puis archevêque de Carthage en 1953),
Paul Labbe, de 1947 à 1955, et pour terminer
Sauveur Cosenza (1955-1964).




Le curé Descroix

Cachet de la paroisse de Sfax et signature d'Albert Descroix.
(Document Ch. Attard)

Le curé Albert Descroix.
(Document Ch. Attard)




Lors de la prise de la ville en 1881 l’église, dont la coupole fut fendue et trouée en plusieurs endroits, n’était plus en état d’accueillir les fidèles, et en plus presbytère, sacristie et maison des sœurs étaient en ruines. L’église agrandie fut terminée pour les fêtes de Noël 1882. 

Georges Chevillet dit avoir, à cette occasion, éprouvé dans l’église une soudaine émotion. Sans rien dire à personne, le père Antonio Buhagiar avait appris plusieurs airs français aux enfants maltais. D’où la surprise de tous les fidèles en entendant ces jeunes voix s’élever au milieu des majestueuses splendeurs de la messe de minuit. Officiers et soldats présents, se regardèrent, charmés qu’ils étaient par ces chants en français, exécutés harmonieusement par ces bouches enfantines à l’accent étranger.





L’église Saint-Pierre et Saint-Paul comportait huit chapelles, deux nefs majeures, était dominée par deux clochers et contenait de nombreuses statues.
Concernant la dévotion des fidèles à leur égard, le tiercé gagnant était : Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, Notre-Dame de Trapani et Notre-Dame de Lourdes.
Les orgues en furent inaugurées le 10 avril 1910, et le clavier en fut longtemps tenu par Sœur Marie-Thérèse.




Sortie église


Sortie de l'Église dans les années 20.
(CPA CAP n°63 - Coll. Ch. Attard)




Avec les travaux pour la construction du port et de la nouvelle ville sur des terrains gagnés sur la mer, les Italiens devinrent plus nombreux que les Maltais, mais la paroisse de Sfax continua de se caractériser par une grande religiosité, les prêches s’y faisant en plusieurs langues.

En 1922, durant le carême précédant la fête de Pâques, les prédications en français, maltais et italien se succédèrent.

Lors des processions de la Fête-Dieu de juin 1922 et 1924, entre les participants et les spectateurs (toutes croyances confondues) on dénombra plus de 10 000 personnes.

A l’occasion de la bénédiction de la statue de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, en février 1927, l’église fut transformée en une corbeille de 10 000 fleurs, l’Harmonie sfaxienne s’étant déplacée au grand complet. Au théâtre municipal, le jeudi 15 décembre 1927, puis le dimanche suivant, furent jouées au profit de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, les pièces " Âmes d’esclaves " de Lanoy et " Je rends mon tablier ".





Après une cérémonie en 1952.
(Cliché Pierre Faucon)

Monseigneur Perrin souriant, à Sfax en 1952.
(Cliché Pierre Faucon)