La prise de Sfax (suite et fin)



Néanmoins la résistance fut vive et, si tous les défenseurs furent tués, il y eut aussi des victimes françaises. 
Différents ouvrages de défense installés dans des dépôts d’alfa le long de la plage, de part et d’autre de la batterie rasante, furent aussi conquis, mais avec des pertes minimes.





M. Couturier, enseigne de vaisseau, à la tête des fusiliers-marins du Trident, 
enlève à la baïonnette la batterie rasante (16 juillet). 

(dessin de Dick de Lonlay, extrait de son ouvrage "En Tunisie, sept mois de campagne"
- L'édition de Paris : E. Dentu, 1882 "Voyages en Afrique" - Coll. Ch. Attard)




Pour entrer dans la ville franque, puis dans la ville arabe, il fallut faire sauter les lourdes portes à l’aide de pétards de fulmicoton. Quand la deuxième sauta, les 40 défenseurs qui, selon Dick de Lonlay, se trouvaient derrière furent tués.
P. Giffard, quant à lui, dit qu’il n’y avait qu’un seul Arabe voulant faire sauter la poudrière, et qui fut séance tenante passé par les armes (voir texte).





Sous l'action des explosifs, les portes de la ville cèdent.
(Coll. Ch. Attard)




D’autres combattants s’étant retranchés dans les maisons et les caves, il fut entrepris de les en déloger. Quant à la centaine de défenseurs présents dans la grande mosquée, après qu’un coup de canon en eut renversé la porte, ils se rendirent et furent conduits hors de la ville.





Sfax :
combat dans les rues et mort de l'aspirant Léonnec.

(dessin de Dick de Lonlay, extrait de son ouvrage
 "Les marins français"- Coll. Ch. Attard)




Cette mosquée servit de cantonnement à 600 soldats pendant 4 jours avant d’être rendue au culte des Sfaxiens. 
Malgré une défense opiniâtre et héroïque de la ville de Sfax par les Arabes insurgés, dont de nombreux furent massacrés (les sources françaises parlent de 800 à 900 morts), certains auteurs disent que la ville était solidement occupée 3 heures après le début de cette véritable guerre de rues, d’autres signalant que la chasse aux insurgés y dura pendant 3 jours.

Quant aux pertes françaises, elles varient, selon les documents bibliographiques, de 11 à 38 morts et de 40 à 106 blessés, nombres qui sont vraisemblablement en deçà de la vérité. 




Camps en 1881

le campement des soldats français après la prise de Sfax en 1881.
On voit le mur Est du fondouk. La caserne sera construite sur le terrain au premier plan.






A signaler que le commandant de la frégate anglaise " Monarch ", présente lors de la prise de la ville, mit à la disposition des troupes françaises, ses médecins et ambulanciers pour aider à soigner les blessés. 
Les morts furent inhumés au cimetière chrétien, sur la plage à l’est de la ville franque, après que le cortège funèbre eut défilé le long du passage séparant les deux parties de la ville.

Pour plus de détails sur la prise de Sfax, nous vous invitons à consulter le texte illustré suivant, extrait du livre de Pierre Giffard : Les Français à Tunis - Éditions de Paris : V. Havard, 1881 "Voyages en Afrique" - pp. 264-286 ; 
Le récit de Dick de Lonlay dans son ouvrage : Les marins français . Éditions Garnier frères - Paris 1886
Ainsi que le texte extrait de " La Tunisie " par Gaston Vuillier, Chapitre X (1896) qui donne le point de vue d'un autochtone sur ces mêmes événements.





Quatre drapeaux, pris aux défenseurs de la ville, sont aujourd'hui exposés au Musée des Armées à Paris.










En avril 2006, on pouvait encore voir au pied des remparts, 
peut-être inscrit par la main d'un des marins ayant participé à la prise de la ville :
 "Chavanne 1882".
(Découvert par le Dr. Mohamed Aloulou - Photo Ch. Attard - 04/2006)